« Prononcer le diagnostic avant d’opérer pour ne pas blesser les parties à sauver », Georges Jackson, Les frères de Soledad
D’où l’on parle et avec qui
Notre Condition est un espace de dialogue, de formation et d’élaboration destiné aux travailleurs de différents secteurs, ainsi qu’à toute personne ou groupe se reconnaissant dans notre démarche d’investigation et d’analyse du réel. La revue a pour but de révéler les mécanismes d’exploitation à l’œuvre – mécanismes voilés par le régime esthétique et idéologique dominant – pour leur opposer des alternatives concrètes.
À l’origine de l’initiative ? Des membres des Groupes Archéo En Lutte (GAEL), des sympathisants ou des individus ralliés à l’idée que pour avancer les mesures générales et particulières visant la maîtrise de nos conditions d’existence, il faut s’attaquer à une logique d’ensemble.
Où l’on va et comment
Chaque témoignage ou retour critique sur un fait précis du quotidien révèle à la fois l’ampleur des injustices et les possibilités d’amélioration de nos situations. Ces paroles recueillies sont la matière première indispensable à toute réflexion, élaboration et activité militante. Elles fixent des pratiques, des fonctionnements et des usages imprimés de volontés qui s’inscrivent dans un cadre matériel et historique singulier : celui d’une économie de marché pilotée par des monopoles confisquant les souverainetés pour s’assurer d’accumuler toujours plus de capital. En partageant sur nos conditions de travail, de création ou de vie, nous légitimons notre vécu individuel et affirmons notre parole collective face à cette mainmise.
Réarmer les consciences impose de prolonger cette démarche d’Éducation Populaire résolument tournée vers la mémoire et l’action. La revue offre donc des outils méthodologiques pour comprendre le monde social en vue de mieux agir dessus. Interroger les mots, les concepts, les phénomènes ou les événements, c’est chercher à nous orienter dans une histoire constamment en train de se faire et dont nous sommes les acteurs.
Car nous constatons que reprendre le contrôle sur le travail et concevoir des institutions comme outils de l’expression populaire, passe par une réflexion politique actualisée, un travail sur le terrain culturel et un ensemble de pratiques en découlant.
Ce que l’on veut et pour quoi
Dans cette perspective, notre tâche est aussi de montrer que les réalisations concrètes d’un autre monde sont déjà-là. Qu’elles font exemple et doivent être prolongées pour dépasser les déterminations faisant l’inertie de nos collectivités. En constatant que ces formes d’organisation préparent une société nouvelle où les progrès techniques, scientifiques et culturels servent l’humain et son environnement, il est possible de formuler des solutions cohérentes sur lesquelles s’appuyer dans nos luttes et discussions. L’enjeu étant d’établir, dans la pratique, un horizon commun capable d’instituer la totale souveraineté matérielle, symbolique et imaginaire des citoyens-producteurs.
Sur la table du concret
En plus du travail de publication, l’objectif de la revue est d’entretenir un réseau de solidarité actif visant à échanger et à se former autour de rencontres. Pour soutenir notre intervention, cette mise en commun d’expériences et d’opinions est nécessaire.
Il nous semble en effet essentiel d’engager la conversation de nos conditions d’existence matérielles sur tous les registres et sous tous les angles. Sans nier les difficultés, cette subversion doit être reconduite à toute occasion pour sortir de l’état de sidération générale et faire croître, des interstices où se nichent les possibles, les figures émancipatrices que nous posons au quotidien : les gestes banals que nous accomplissons par nos pratiques et imaginaires mobilisés.
C’est ce mouvement réel qui, discuté, théorisé et pris en charge, construit la souveraineté de la personne à décider collectivement du travail et des grandes décisions politiques qui nous sont aujourd’hui confisquées.