Présentation des GAEL

« La condition sociale des travailleurs n’est pas liée à leur activité concrète ; elle est à la mesure de ce qu’ils sont capables de conquérir », Aurélien Catin

Les Groupes Archéo En Lutte (GAEL) sont des collectifs de réflexion et de lutte dont l’objectif est d’unir la profession, en particulier les nouvelles générations, autour d’une vision de l’archéologie sociale, du respect des conditions de travail de ses diverses composantes, soucieuse de l’environnement et d’un patrimoine considéré comme bien commun.

Nous existons pour rendre visibles les injustices et les aberrations structurelles, mener des enquêtes sur les effets de l’organisation du travail ou de la formation (études, stages, etc.), interpeller la Culture et la population de l’état inquiétant de nos métiers, fédérer celles et ceux qui veulent œuvrer à l’amélioration des conditions de faisabilité de la profession et œuvrer à développer les institutions sociales à même de répondre aux enjeux de la survie matérielle. Nous nous adressons ainsi à toute la discipline, du préventif au programmé, de l’université au préventif, en passant par l’associatif trop souvent exclu de la reconnaissance scientifique.

Majoritairement issus des rangs des précaires de l’archéologie et du patrimoine, cette armée de réserve au rôle de variable d’ajustement du rapport coût/bénéfice (CDD, doctorant.e.s, vacataires, intérimaires et étudiant.e.s), nous regroupons toutes celles et ceux qui ne se sentent par représenté.e.s, dans la pratique et le discours, par les organisations dites traditionnelles du mouvement social, ou qui ne peuvent tout simplement pas y adhérer du fait de leur statut économique ne les protégeant pas de la répression. Ces infra emplois, au fondement de notre précarité, étant dépourvus de la garantie du salaire à la qualification, du respect du code du travail ou de la cotisation au régime général de la Sécurité sociale.

Toutefois, conscient.e.s que le combat à mener doit se faire avec les syndicats, porteurs d’une expérience à transmettre et d’un héritage qui est aussi notre dans la longue filiation des luttes, nous souhaitons participer, soutenir et alimenter en données leur activité spécifique. Ainsi, tout en développant indépendamment nos propres modes d’action et orientations, nous avons à cœur d’avancer côte à côte.

Cortège parisien d’archéologues en grève, en 1997. À l’époque, l’ensemble du secteur de l’archéologie s’était ému et révolté de la destruction volontaire de vestiges anciens à Rodez (Aveyron) par des promoteurs immobiliers, avec l’aval – en novembre 1996 – d’Alain Juppé, alors Premier ministre. (Photo Marc Talon)

Il nous parait de plus essentiel de continuer à tisser des liens forts avec les autres secteurs de la société, bien au-delà de la Culture, par exemple en nous engageant activement dans les événements interprofessionnels (Assemblées générales, réunions, débats, manifestations, etc.).

En premier lieu parce que nous devons faire face aux contre-réformes sociétales des fondés de pouvoir du libéralisme, comme celles des retraites ou de l’assurance chômage (rappelons d’ailleurs que les GAEL sont nés dans le cadre du mouvement interprofessionnel de fin 2019-début 2020, contre les réformes des retraites, de l’assurance-chômage et de l’Université). Ensuite, bien que notre capacité de nuisance ne soit pas à négliger puisque nous opérons en amont des chantiers d’aménagement, parce que nous ne représentons que 4000 à 6000 professionnels. Enfin, parce que nous nous situons au carrefour de plusieurs mondes, à savoir ceux de la Culture, de la recherche, de l’enseignement, de l’associatif et de l’aménagement. À nos yeux, cette position particulière invalide dans les faits la division du travail telle qu’elle nous est imposée, notamment celle verticale et horizontale intervenant entre, mais aussi dans, le travail manuel et intellectuel.

Nos groupes s’étant constitués régionalement, en pleine dynamique de contestation du projet néo-libéral de destruction rigoureuse des institutions du régime général de la Sécurité sociale, notre tâche est à présent d’organiser et de coordonner à plus grande échelle nos forces de manière fédérative. L’objectif est d’accentuer notre impact, de gagner en visibilité et de créer un véritable réseau de solidarité et d’échange capable de contester les logiques de dépossession de notre travail.

Plus que jamais, nous sommes engagés dans une lutte de longue haleine qui nécessite patience et méthode. Au moment ou nos métiers se trouvent être structurellement en péril, notre combat doit s’intensifier pour préserver la flamme de la passion, libérer le travail des normes du marché des monopoles et dégager nos vies de l’incertitude désespérée des lendemains. Nous n’aurons de cesse d’intervenir avec toutes celles et ceux qui souhaitent une recomposition économique, relationnelle et scientifique de nos disciplines. Avec toutes celles et ceux qui souhaitent opposer à la loi de la concurrence et de l’indifférence une politique patrimoniale à la hauteur des enjeux.