Argumentaire produit par le Groupe Archéo En Lutte – Alsace au début de l’année 2020, durant le mouvement social qui a vu sa création, et constamment édité jusqu’au passage complet de la réforme, le 01 décembre 2021.
Le chômage fait partie intégrante de la vie de l’archéologue du préventif. Enchaîner les CDD parfois courts en début de carrière (et parfois plus!) est la norme. Tout comme les périodes de carences, souvent longues, entre deux contrats. Loin de vivre aux crochets de la société, ces périodes permettaient de reposer le corps pour les techniciens entre deux contrats, de se remettre à jour dans la bibliographie, de faire vivre des associations, bref de compenser dans une certaine mesure ce qui ne fonctionne pas dans l’organisation actuelle du métier. Vivre de ses droits ne constituait pourtant pas une panacée (la moitié des personnes indemnisées en 2019 ont reçu moins de 860 euros par mois selon l’Unedic). La réforme de l’assurance chômage va fortement aggraver la situation et directement affecter une grande partie des archéologues.
Depuis le 01 novembre 2019, deux mesures impactent les archéologues et toutes les carrières discontinues !
Les conditions d’accès sont durcies. Il faut avoir travaillé 6 mois sur une période de 24 mois pour ouvrir des droits (contre 4 mois sur 28 mois auparavant). Cette mesure est pour le moment ajournée, mais son application n’est pas remise en cause [elle a finalement été appliquée le 01 décembre 2021, comme dernier acte de la réforme]. Atteindre 6 mois travaillé peut être long, particulièrement en début de carrière, où les contrats sont espacés et souvent courts.
De plus le rechargement des droits est également devenu plus difficile car il passe à 6 mois de contrat (contre 1 mois auparavant). Le métier d’archéologue est soumis à de fréquentes périodes de chômage qui ne seront souvent plus indemnisées.
Dès le 01 octobre 2021, le mode de calcul change
L’indemnité chômage ne se basera plus uniquement sur le nombre de jours travaillés, mais aussi sur le nombre de jours non-travaillés. Le montant résultera donc d’une moyenne entre les deux ! Après l’annulation du décret par le conseil d’état en novembre 2020, la nouvelle mouture prévoit de prendre en compte 0,75 jours chômé pour chaque jour travaillé, afin de diminuer l’importance de la baisse de droits, qui pourra tout de même atteindre 43 %. L’Unedic a prévu une baisse de 17 % en moyenne, pour 41 % des nouveaux demandeurs d’emploi.
Ce nouveau mode de calcul aura aussi pour effet pervers d’entraîner une baisse progressive des indemnités à chaque rechargement de droits, pour celles et ceux qui alternent contrats courts et périodes de chômage sur le long terme. Cette situation est justement celles de nombres de jeunes archéologues, abonnés à la précarité pour de longues années (au moins 7 ans) !
Appauvrir les chômeurs ne créera pas plus d’emplois, précariser les précaires ne leur donnera pas un contrat. Avec cette réforme, c’est la possibilité même de travailler dans le domaine de l’archéologie et d’en vivre qui est remise en question pour la plus grande partie de celles et ceux qui enchaînent les CDD. Un système solidaire est possible, sans stigmatisation et infantilisation des chômeurs, ni recherche perpétuelle d’économie. D’autres pistes peuvent être explorées pour réduire la précarité dans notre métier (partage du temps de travail, intermittence et salaire continué, extension des domaines de prescription et systématisation de celles-ci qui engendreront une hausse de l’activité, etc.).
A nous de les développer et de les imposer !
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