À chacun, selon.

À chacun, selon.

Colette Magny, Feu et Rythme, 1970, Le chant du monde

Verfeil-sur-Seye

Chanson-Territoire. Interprète-Activiste. Colette-Magny. La tentation de m’arrêter là, à cet instant de l’argument. Feu et Rythme.

Il s’est révélé (l’embrasement de ses gestes le soutenant) dans le rythme son compagnon le feu. Ce titre d’album, comme une vache ou une prophétie, nous fixe dans une association nouvelle de sons et de syllabes.

Colette chante, parle, hurle, récite, joue, trafique des organes de musiciennes.

Colette Magny à Bordeaux en 1972

Le rythme se cadence entre deux absences. Simple, Magny.

Quelqu’une qui, dans le retard de son chant, fait entendre une danse, pas fourmi pour un sou de cigale. Comme si le texte parti, les mots (de Neruda, Leroi Jones, Jacob…) apprenant à se réassembler, deviennent ce feu.

Sortie en 1971, dans les questionnements et les frous-frous des braises de dix neuf cents soixante huit, elle porte la négritude hors de ses murs, la fait passer par la Bretagne ou le pays Basque, la solidarise dans l’action musicale concrète (les musiciens américains de free-jazz multipliant leurs déménagements parisiens ou stockholmois), n’hésitant pas à jouer avec les plus audacieux de son temps.

Polymorphie nécessaire à toute écoute. Combattre ses lâchetés. Duel d’ouïe. Devenir-Révolution.

« Salut, Pays » disait-on vieillement pour se saluer. Un camarade est un territoire en prononciation directe, dans cette France internationaliste de 1906.

Le territoire Colette sait que la mauvaise herbe musicale (Diego Masson, Beb Guerin, Barre Phillips, Dane Belany) est le décor le plus naturel à toute activité pré-révolutionnaire. Elle est au meilleur de son chant et des variations qu’elle peut lui offrir. Elle nous invite joyeusement à la réappropriation de notre expression (privée/publique), premier acte ou première pierre… d’un bla-bla à venir ?

Et pourtant

« Les poissons accédèrent à la noblesse par la bouillabaisse »

Colette est ma camarade. Ma révolution à venir, cette fois-ci, pour la première fois.

Marius C.

Une réflexion au sujet de « À chacun, selon. »

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