Robespierre, au cœur des passions révolutionnaires

Robespierre, au cœur des passions révolutionnaires

Robespierre. une vie révolutionnaire (Peter McPhee), ou refuser la vision partisane d’un héritage historique

La France du XVIIIe s. est une nation qui, comparée aux Pays-Bas et à l’Angleterre (les deux nations concurrentes, à la pointe de l’accumulation primitive du Capital : le commerce triangulaire et l’expansion commerciale dans toutes les mers et océans dont les hollandais ont été à la pointe), est ancrée dans un absolutisme et une société pyramidale stable depuis plusieurs décennies. Elle est dotée d’un appareil bureaucratique, de grands seigneurs, de tribunaux, d’un pouvoir plus centralisé et autonome vis-à-vis de la bourgeoisie, de villes libres commerçantes, ainsi que d’une armée permanente.

Cependant, la France, et d’autres monarchies, ne seront pas épargnées par les jacqueries ou encore des Frondes de princes ou de bourgeois (notamment La Fronde de 1648-1653) à l’encontre du pouvoir royal, chacun portant ses intérêts : les uns pour le partage des terres ou l’allégement/l’abolition des taxes, les autres pour se débarrasser des carcans coutumiers freinant la bonne marche de leurs affaires.

L’irruption des peuples à la recherche de leur souveraineté

Les jacqueries sont nombreuses en France. La plus grande a lieu en 1358 et voit les paysans, surnommés les « Jacques Bonhommes », habituellement violentés par les nobles et les chevaliers, clamer qu’ils peuvent très bien se passer de leur bourreaux étant donné le peu d’attachement que ces derniers accordent à leur défense et à celle du Royaume. Peu de temps après, en 1381, des paysans anglais marchent sur Londres pour réclamer la fin du servage, mais sont impitoyablement massacrés. En 1525, en Allemagne, la Guerre des paysans allemands (ou le Soulèvement de l’homme ordinaire) prend un fort caractère social et économique par le biais de revendications révolutionnaires s’attaquant aux privilèges séculaires de la noblesse : limitation de la dîme, nomination des prêtres par le peuple, liberté de chasse et de pêche, augmentation du nombre de terres cultivables, suppression de la peine de mort 

Portrait supposé de Müntzer. Gravure de C. Van Sichem (XVIIIe siècle) qui pourrait être une caricature.

Ce mouvement en réalité hétérogène (ruraux et urbains, étudiants pauvres, ouvriers des mines, …) s’étend même à l’Alsace Lorraine. Martin Luther (théologien allemand initiateur du protestantisme au XVIe s.) finit par le condamner, qualifiant ces acteurs de « hordes barbares et paysans criminels » ! Un homme s’opposera à lui : Thomas Münzer, pasteur qui prendra cause pour la lutte paysanne et n’hésitera pas à invectiver Luther, dénonçant son hypocrisie et sa collusion avec les princes et les puissants. Il proposera la suppression des privilèges, la fin des ordres monastiques, la création d’abris pour les plus pauvres et la redistribution des denrées pour tous. Il soutiendra que la violence devient légitime lorsqu’elle est menée au nom du bonheur commun et de l’édification de la nouvelle Jérusalem (l’harmonie sur terre).

En France, la Fronde (1648-1653) se constitue en opposition directe au pouvoir du Roi et de Mazarin son ministre. Elle se fait l’écho des aspirations d’une bourgeoisie montante cherchant à libéraliser l’État pour ses besoins objectifs : la liberté individuelle est son principe moteur. Le peuple (le tiers-état) prend largement part à diverses actions, ainsi que des parlementaires (leurs représentants). Des jacqueries éclatent de nouveau un peu partout sur le territoire, contre la gabelle, les taxes, la dîme, le pouvoir sans limite du roi, les privilèges des parlementaires parisiens, … Encore enfant, le futur Louis XIV devra fuir Paris, ce qui le marquera pour toujours. Ainsi, s’il construit Versailles, ce n’est pas seulement pour montrer sa puissance, mais surtout pour avoir à portée de main les deux composantes remuantes de la société, à savoir la petite noblesse et la bourgeoisie des villes libres et commerçantes. Dès lors, la bourgeoisie française, malgré la volonté de Colbert de moderniser les manufactures, garde un temps de retard sur le voisin anglais qui entame sa révolution industrielle au milieu du XVIIIe. La bourgeoisie commerçante anglaise, maîtrisant les mers et se taillant un empire colonial hors-norme, a en effet une large avance technique et politique sur les Français. Le modèle encore trop féodal de la France pousse la bourgeoisie à mener le processus révolutionnaire de 1789. La situation est mûre, les forces sociales débordent et les institutions du pouvoir central sont en incapacité de maintenir la cohésion de la formation sociale d’un bloc hégémonique vacillant !

Le président du parlement, Molé, saisi par les factieux, au temps des guerres de la Fronde. François-André Vincent, 1779.

Une ère de révolutions et de contre-révolutions s’ouvre avec ce surgissement (à la Restauration de 1814, succèdent 1830, 1832, 1848, 1871, puis 1936, 1946 et 1968). Et avec elle la possibilité de concevoir un État de droit capable de nous sauver de la sauvagerie de la société civile jetant les individus les uns contre les autres. Cette société civile, bien qu’héritée de 1789, scinde le social et le politique alors réduit à une sphère autonome ne correspondant pas à la modernité mais à une étape capitaliste.

Ainsi, l’intuition de Rousseau se réalise une décennie après sa mort (1778) :  « S’il y a eu des esclaves par nature c’est parce qu’il y a eu des esclaves contre nature. La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétué. (…) Les hommes perdent tout dans leurs fers, jusqu’au désir d’en sortir ».

Le but de ce topo tranché à la hache est de montrer que c’est l’opposition entre ceux qui détiennent le pouvoir économique et politique et ceux qui n’ont rien que leur force de travail, qui est le moteur de l’Histoire. À la noblesse qui refuse toute forme de progrès, la bourgeoisie va s’ériger en classe progressiste afin de conquérir le pouvoir politique, levier nécessaire à la légitimité d’un nouveau monde rendant possible le développement de l’intérêt général, un intérêt de plus en plus collectif et de moins en moins confisqué. Le politique s’échappe en effet de Versailles pour la rue, les faubourgs, les assemblées, les tavernes et les clubs. Cette classe montante se dote progressivement d’un système philosophique, politique, économique et social, qui va justifier toute sa domination par le mérite face au lignage de sang. La rupture de l’ordre social s’accompagne d’une libéralisation culturelle et politique qui promeut l’accumulation des richesses, le développement de la singularité individuelle, l’esprit d’entreprendre, la libre expression (prolifération des journaux), la libre association (prolifération des Clubs) et la libre concurrence, ou encore le respect de la propriété individuelle.

Que faut-il comprendre de ce surgissement historique ?

Que si la bourgeoisie a été une classe « décloisonnante » ayant permis le déploiement de la volonté collective en son premier stade (un développement supérieur de l’individualité), elle va devenir de plus en plus réactionnaire au fur et à mesure de l’éveil de masse des consciences politiques. En effet, à mesure que les forces productives croissent (les outils de production, les techniques, les savoirs scientifiques, la force humaine), modifiant les rapports sociaux et l’échelle du mode de production qui produit toujours plus de richesses, la division du travail (hiérarchie et interdépendances des activités dans une société) devient de plus en plus clairement l’outil d’une minorité. L’imaginaire individualiste de la liberté s’estompe pour laisser place à la froide réalité des rapports de classe. La bourgeoisie a bien participé au progrès de l’histoire (à son réveil) en remplaçant une classe dominante pourrissante qui, sans le savoir, a créée dans les faubourgs de ses villes affranchis du XIe et XIIe s. son propre fossoyeur. Celui qui va progressivement briser l’étroitesse des « rapports personnels de dépendance » (servage, fidélités, etc.) pour leur substituer le progrès d’une « indépendance personnelle fondée sur une dépendance factuelle » (la dépendance à l’égard du marché).

L’avènement du citoyen moderne
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le Barbier, Jean-Jacques-François (dit l’Aîné).

Les Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 sont ainsi nés de la subversion du monde féodal comme affirmation de la liberté des individus à construire leur autonomie. Il faut construire un homme nouveau pour construire une société nouvelle. Quoique ces droits soient enfermés dans un carcan formaliste les réduisant à la sphère de la représentation politique qui n‘empêche en rien l’exploitation économique du travailleur, ce mouvement pose constamment l’exigence d’un achèvement à renouveler : celui de la réelle souveraineté individuelle et collective du citoyen ayant prise sur son environnement social, contre l’abstraction de l’Homme, individu apolitique, asocial et possessif, se présentant comme essence humaine et en cela anhistorique. Car le garde-fou du citoyen, individu investi dans la société, est l’Homme, entité isolée, animée par la liberté réduite à la jouissance égoïste du propriétaire lucratif, « sans relation aux autres hommes, indépendamment de la société ». Autrement dit, le droit de propriété à des fins d’accumulation, comme « droit de l’égoïsme » que porte la figure de l’Homme[1], annule les droits « relationnels » qui forment le contenu des « droits du citoyen ». Ceux-là même qui permettent de passer de l’émancipation politique à l’émancipation sociale. Ce droit de propriété limite justement la liberté politique et donc l’émancipation sociale la réalisant pleinement ! Si les droits démocratiques sont nécessaires à la transformation sociale, ils n’ont pas le pouvoir d’abolir les limites matérielles d’une société (mode de production et évolutions techniques)[2].

L’irruption confuse du social et la tentative d’approfondir la Révolution

Jusqu’à ce point de rupture de 1789 engendrant la proclamation de la République le 21 septembre 1792 suite à la prise des Tuileries par la Commune insurrectionnelle de Paris (fin de la monarchie constitutionnelle), et surtout dès les lois de mai-juin 1793[3] qui instituent un tour véritablement populaire à la Révolution, débordant les plus conservateurs de la bourgeoisie conciliatrice et libérale (reprenant certes finalement la main en juillet 1794), les rapports de production étaient l’expression des forces productives. Or, lorsqu’est apparu la distorsion historique, c’est-à-dire que de nouvelles forces productives (les progrès techniques) ont germé mais que les rapports de production en sont restés au même stade (le féodal qui reste sur pied en taxant le paysans), le rapport de force a tout emporté sous la forme que nous connaissons.

Le Serment du jeu de paume du 10 août 1789 par 576 députés français qui prennent à cette occasion le nom d’Assemblée nationale. Par Auguste Couder.

La bourgeoisie libérale a surtout fait la révolution pour abolir les taxes coutumières qui rendaient les marchandises invendables et pour instituer de nouveaux droits plus propices à ses activités, freinant les aspirations à la Révolution sociale d’une France des Montagnards notamment menée par Robespierre. Ce dernier se jeta dans une alliance conjoncturelle avec les sans-culottes[4] sous la menace de leur prise d’autonomie et des Clubs les plus radicaux[5] : les Exagérés (l’aile la plus radicale des sans-culottes) et les Enragés de Jacques-René Hébert et de Jacques Roux qui menaçaient alors d’emporter l’ensemble des sans-culottes dans une insurrection, dénonçant la timidité des Montagnards en matière sociale, voire leur train de vie bourgeois[6]. Ils finirent neutralisés par le Comité de Salut public de la Convention (l’un guillotiné, l’autre emprisonné) fondé  au printemps 1793 pour se défendre des attaques extérieures et intérieures. Robespierre, conscient des antagonismes socio-économiques[7], et donc tactiquement prudent face à la bourgeoisie d’affaires montante, put toutefois profiter un temps de cette base radicale. Celle-ci, posant la question sociale, lui permit d’étendre les perspectives révolutionnaires de la Convention (liant par là politique et social) et de s’attaquer au pouvoir des groupes sociaux privilégiés représentés en son sein, y compris chez les Montagnards.

En se faisant le défenseur de la Commune insurrectionnelle de Paris, dont le fonctionnement en assemblées populaires délibératives instaure une légalité anti-libérale face à la Convention, Robespierre concrétise cette idée de souveraineté populaire

Dès le début de la Révolution, il met en avant, avec les Jacobins, la distribution du pouvoir politique comme corolaire de la redistribution des richesses, l’abolition de l’esclavage sans quoi le droit à l’existence (principe soutenant tous les autres) reste impossible et la limitation de la propriété privée que la bourgeoisie veut illimitée ! De fait, il s’engage sur la voie d’une démocratie où le peuple peut légiférer lui-même sur les lois et révoquer ses représentants. Il s’oppose naturellement à la contradiction des élites d’argent de l’Assemblée Nationale (les Girondins) qui, disant défendre les Droits de l’Homme et du Citoyen, ne font que préserver leurs intérêts : le droit de vote est instauré mais réservé aux propriétaires, les corporations abolies permettant aux propriétaires de fixer les salaires et les prix (le prix du pain va donc monter en flèche), les rassemblements de travailleurs interdits (loi du Chapelier de 1791), l’engagement au sein de la Garde Nationale réservée aux riches citoyens pouvant se payer leur matériel, … « La liberté illimitée du commerce et les baïonnettes pour calmer la faim » résumera Robespierre. Il se placera donc constamment du côté des révoltes populaires émaillant le processus révolutionnaire, celles des « gens de riens » contre les « gens de bien », des sans-culottes contre les « culottes dorées ». En se faisant le défenseur de la Commune insurrectionnelle de Paris (fondée durant l’insurrection du 10 août 1792), dont le fonctionnement en assemblées populaires délibératives instaure une légalité anti-libérale face à la Convention, il concrétise cette idée de souveraineté populaire. « Le riche était suspect, le peuple constamment délibérant » rapportera le modéré Boissy d’Anglas à propos de l’ambiance que la Commune impose à Paris.

L’insurrection du 10 août 1792, qui a conduit à la chute de la monarchie, a débouché sur la mise en place d’une Commune insurrectionnelle à Paris (1793). Détail de La prise des Tuileries, par Jean Duplessis-Bertaux.

Grâce à l’action du Comité de Salut public issu de la prise de l’Assemblée Nationale par les sans-culottes le 2 juin 1793 (y siègent notamment Robespierre, Saint-Just et Couthon en acolytes), le Maximum revendiqué par ces derniers, et refusé par l’Assemblée Nationale girondine, est appliqué (prix du pain et des denrées de première nécessité fixé à un seuil acceptable), de même que l’augmentation des salaires. Le tout accompagné de la création de l’armée sans-culottes en charge de vérifier l’application des mesures sociales, la bonne distribution du pain et de réprimer les spéculateurs. Bien qu’elle ne fut jamais pratiquée du fait du contexte de guerre, la Constitution prévoyant une démocratie semi-directe dans laquelle le peuple, par des assemblée, aurait par exemple le droit d’annuler une décision de l’Assemblée Nationale, est votée en juin 1794 sous l’impulsion de Robespierre et Saint-Just. En outre, un embryon de retraite (pour les plus pauvres des travailleurs dès 60 ans) et de protection sociale (soins à domicile gratuits) sont mis en place en mars 1794 par la loi de « bienfaisance nationale ». L’abolition de l’esclavage est, elle, proclamée le 4 février 1794 (les colons esclavagistes sont déclarés hors-la-loi). Par le décret de Ventôse (février et mars 1794) élaboré par Saint-Just, les biens des suspects contre-révolutionnaires peuvent être redistribués aux pauvres, à savoir la richesse mobilière des banquiers à la solde de l’étranger, des conspirateurs, des oppresseurs, etc. Les terres sont progressivement divisées et redistribuées aux paysans. Cette mesure reste néanmoins floue dans son application et sujette à des joutes de pouvoir ainsi qu’à des sabotages (émanant par exemple du Comité des Finances et du Comité des Subsistances) facilités par l’éviction, par les Montagnards eux-mêmes, des plus radicaux des sans-culottes.

De plus, son application n’est pas efficace faute de registres de recensement et de moyens logistiques. Faute d’administration centrale, l’interprétation de leur application va quant à elle dépendre de l’état du rapport de force local ou régional. Sans-culottes, bourgeoisie de province, bourgeoisie plébéienne des villes, assemblées de notables, dont les objectifs peuvent aller jusqu’à s’opposer, n’ont pas la même définition d’un traître, ni le même intérêt à condamner tel ou tel individu[8].

De la fiction verbale légitimante à la possibilité d’une émancipation concrète ?

En réalité, les biens mobiliers sont sortis de la période quasiment indemnes, alors que la propriété n’a été réformée qu’en discours (l’aristocratie foncière se maintient largement au XIXe s.). Et pour cause, la période étant confuse, le propriétaire terrien comme le créancier pouvaient être conspués et réprimés, mais les patrons épargnés. Les ouvriers, soutenus contre les spéculateurs par les robespierristes, sont finalement réprimés par ces mêmes Montagnards radicaux lorsqu’ils réclament des augmentations de salaires plus conséquentes. Du côté des sans-culottes, si leur composition sociale était hétéroclite – le mouvement mêlant patrons, artisans et employés – il est remarquable de noter un fait : en 1793, lorsqu’ils gagnent localement en influence, soutenus qui plus est par les Montagnards radicaux, les salaires augmentent. À partir du moment où ceux-ci sont réprimés en 1794 (par les Montagnards) – leurs assemblées démocratiques encadrées, leurs représentants les plus pauvres et radicaux de la Commune de Paris (dirigée par les robespierristes) remplacés par des personnages d’extraction  bourgeoise – les salaires se mettent à baisser. La Terreur des sans-culottes s’est retournée contre eux[9], tandis que les Montagnards vont saper leurs propres bases sociales.

La nuit du 9 au 10 Thermidor, 1794. Arrestation de Robespierre le 27 juillet 1794. Paris, Gravure de de Jean Harriet.

Peu avant le 9 Thermidor qui sonne le glas de Robespierre, celui-ci semble, avec Saint-Just, bifurquer. Il souhaite revenir aux projets sociaux ambitieux contre « l’aristocratie  des riches », soit la bourgeoisie industrielle et financière. Mais il est trop tard. Répression ouvrière et limitation des salaires (l’article 8 de septembre 1793) auront fait leur œuvre : la bourgeoisie d’affaires, s’opposant au dirigisme de la Terreur[10], et une partie des sans-culottes, durement réprimés pour leurs revendications en mars 1794 (une insurrection sans-culottes libérera toutefois Robespierre avant son passage à la guillotine à la suite de sa seconde arrestation), se coalisent pour faire chuter les robespierristes. De ce moment, la société libérale moderne se déploiera dans toutes ses dimensions (économiques, morales, sexuelles, …). Sans aucun garde-fou social, les thermidoriens remettront de l’ordre dans l’espace public (hiérarchie sociale stricte), dans la sphère privée (valorisation de la famille patriarcale) et sociale (abolition de toutes les mesures sociales), leur objectif étant de dépassionner la foule tout en dérégulant le marché[11]. Sous cette Restauration le prix des aliments explose et le suffrage censitaire remis en place, alors que la mortalité double, les insurrections constamment réprimées et les esclavagistes réhabilités.

En somme, il y avait à cette époque une grande méconnaissance des rapports de force sociaux-économiques : pratique et théorie n’étaient pas suffisamment mûres pour permettre aux radicaux de mener une lutte des classes ouverte et de concevoir un projet social clair. Les révolutionnaires s’adaptaient en permanence pour tenter d’accomplir le périlleux passage du progrès moral et technique apporté par les Lumières, au perfectionnement de l’homme sachant articuler émotions et raison, bien au-delà du simple sentimentalisme aristocratique[12]. Le mythe du peuple uni et souverain masquant les intérêts de classe déboucha sur un régime représentatif où chaque élu tentait de représenter, de symboliser au mieux une volonté populaire indéfinie[13]. Malgré les tentatives des robespierristes dotés d’une conscience naissante des antagonismes et de la guerre sociale se jouant, le politique (le droit) prit le pas sur ce dernier aspect[14]. Cela fera dire à François Furet (historien français) que la période a finalement été le triomphe de l’illusion politique contre la société réelle des rapports de sociaux et de production.

Robespierre à la Convention le 9 Thermidor, tableau de Max Adamo (1860).

Par l’instauration de droits politiques formels, la bourgeoisie d’affaires prenant la main au 9 Thermidor a cependant ouvert la voie des conquêtes sociales comme extension des droits politiques à la sphère sociale, c’est-à-dire à la possibilité de placer l’ensemble des rapports sociaux sous le contrôle démocratique de la liberté collective. S’en étant vite rendu compte, dès les premiers mois de 1789, elle a tout fait pour dompter ce mal. Aujourd’hui encore, la tension de cette distorsion rend intenable « le spectacle absurde des foules crevant de faim devant des greniers trop pleins ». L’idée d’une République animée par le peuple souverain est toujours mobilisatrice et ne s’oppose plus à l’analyse des classes sociales. Vu le degré de développement des fantastiques forces productives contemporaines, on peut considérer qu’il est criminel de continuer à les gérer par l’entremise d’un rapport de production archaïque apparu au XIXe s. (le capitalisme). « Notre royaume n’est déjà plus en ce monde ».

Une révolution sociale a bien accompagné la révolution politique bourgeoise, Robespierre et d’autres tentant de substituer « l’économie politique populaire » à « l’économie politique tyrannique » des Girondins

Une révolution sociale a bien accompagné la révolution politique bourgeoise, Robespierre et d’autres tentant de substituer « l’économie politique populaire » à « l’économie politique tyrannique » des Girondins. Mais à défaut d’analyse concrète de la situation concrète (analyse des rapports de force, des rapports sociaux, des mécanismes économiques, …), La Sociale n’a pu aboutir. La tendance étant à la réforme des institutions et à la souveraineté nationale, se séparer des forces vives populaires trop radicales (les Exagérés par exemple) était un mal nécessaire aux yeux des robespierristes qui se battaient pour l’édification d’une République démocratique et souveraine, unique gage d’une cohésion nationale et sociale encore bancale.

Renouer avec une Histoire sans jugement moral

C’est à l’aune de ce perpétuel mouvement, de ce progrès non linéaire, qu’il faut aujourd’hui comprendre la dimension historique d’une figure comme Robespierre, bien loin des anathèmes de la légende noire et des visions manichéennes qui nous sont servies à longueur de discours. Si nous suivons l’important travail de l’historien Jean-Clément Martin (Nouvelle histoire de la Révolution française, 2012), il faut le considérer (et certains autres de la Convention) non pas comme l’initiateur, mais comme le catalyseur de la Terreur dont il faut rechercher l’origine dans un besoin populaire incarné par les sans-culottes[15]. Lui (Robespierre), opposait à la répression du Jacobin Marat électrisant les foules avec fougue, la résistance à l’oppression comme transcription de ses principes purs de dévouement et de vertus régénératrices. Jusqu’au coup d’État du 9 Thermidor à l’été 1794, la Terreur[16] n’est ni un système visant l’établissement d’une dictature, ni un moyen de gouverner pensé et orchestré en amont pour maintenir une poignée d’individus au pouvoir. Il s’agit d’une réponse issue des contingences de l’Histoire[17], et d’abord d’une alliance de circonstance entre Montagnards radicaux et sans-culottes conscients de la fragilité de la Révolution, les premiers tentant de juguler la violence des derniers[18], les seconds portant la flamme des aspirations populaires tendant vers l’idée d’une Sociale. Disproportionnées et mal canalisées, mal définies et instrumentalisées, de telles mesures n’avaient pour autant pas d’autre objectif que de maintenir le cap de la transformation sociale, dans un monde à réinventer sur les ruines de la monarchie et face à toutes les autres monarchies d’Europe.

La nuit du 9 au 10 Thermidor de an II. Jean-Joseph Weerts (1897)

Il est certain que pour comprendre ce qui conditionne l’action politique, il faut se plonger dans la complexité des circonstances économiques et sociales d’une époque, avec la volonté de dépasser la confusion des surenchères partisanes et des réductions historiques : ce moment révolutionnaire ne peut se résumer à sa répression qui s’explique par ailleurs par un contexte. Car moraliser l’histoire revient ici à légitimer une vision « sage » et modérée de la Révolution, louant ses représentants les moins proches des aspirations populaires contre ses plus fervents (l’opposition entre Montagne et Gironde se rejoue constamment). La manière officielle de concevoir l’Histoire consistant à séparer les bons des méchants[19], rappelle étrangement « l’équilibre » pragmatique des gestionnaires d’État détruisant aujourd’hui nos conquêtes sociales et desservant le titre de bon et de mauvais parlementaire, de bon et de mauvais manifestant, de bon et de mauvais citoyen. Diaboliser l’héritage révolutionnaire c’est limiter la volonté transformatrice au profit du même, c’est endiguer le risque de voir naître des imitateurs.

Pour comprendre ce qui conditionne l’action politique, il faut se plonger dans la complexité des circonstances économiques et sociales d’une époque, avec la volonté de dépasser la confusion des surenchères partisanes et des réductions historiques

Au lieu d’élargir nos libertés grâce à de grandes institutions émancipatrices, les gouvernements successifs ont pris pour cible nos acquis sociaux, soit tout ce que le mouvement ouvrier a soustrait à la classe possédante (libertés publiques, droits du travail, éducation gratuite, etc.) » (cf. À bas l’État social).

Ce qui s’exprime à travers cette volonté de confisquer l’Histoire toujours à la fois tragique et glorieuse, c’est aussi la peur panique du déferlement d’un nouveau régime émotionnel accompagnant tout chambardement politique. La foule, composée d’une masse informe d’individus irrationnels, voilà le repoussoir favoris des dominants. Déjà en son temps, Robespierre et Saint-Just combattaient les technocrates faussement centristes. On ne peut que comprendre le besoin qu’ont ceux d’aujourd’hui de diaboliser l’héritage de 1789, tant sa centralité dans l’imaginaire et les affects populaires a récemment fait trembler le pouvoir.

Sans doute que notre situation sociale résonne pour lui comme l’écho lointain de la Grande Peur, ce moment des jacqueries (juillet et août 1789) qui mit fin à l’Ancien Régime et poussa l’Assemblée Constituante (1789-1791) à finalement abolir les privilèges.

La rédaction

Pour aller plus loin : Peter McPhee, Robespierre. une vie révolutionnaire, Classiques Garnier, 2022.

Avec son ouvrage Robespierre. Une vie révolutionnaire, l’historien Peter McPhee nous éclaire sur la vie d’une des personnalités les plus controversées de l’histoire nationale.

Paru en anglais en 2012 et traduit dix ans plus tard par les éditions Garnier, ce livre trouve son origine dans l’incapacité de l’auteur, alors jeune étudiant, à comprendre le destin posthume de Robespierre : « Comment [était-il] possible qu’un homme qui incarnait les principes les plus élevés de 1789 puisse être considéré comme la personnification du “règne de la Terreur” en 1793-1794 » ?

Pour les uns, Maximilien Robespierre était l’Incorruptible, l’intégrité faite homme en ces temps bouleversés. Pour d’autres, il fut un monstre, un tyran sanguinaire. Qui était donc Maximilien Robespierre ?

Peter McPhee nous met dans les pas de ce rejeton de la bourgeoisie d’Arras, né en 1758, dont on ne sait finalement pas grand-chose, sinon qu’il eut une enfance douloureuse et qu’il fut un élève suffisamment brillant pour qu’une bourse lui permette de poursuivre ses études dans un prestigieux collège parisien. Diplômé en droit, il retourne dans sa ville natale où, jusqu’à la veille de la Révolution française, il essaie de vivre de son métier. À travers ses plaidoiries et ses écrits se dessine le portrait d’un homme soucieux de reconnaissance, sensible aux questions sociales comme à l’émancipation féminine ; un homme qui compte peu d’amis dans la noblesse et la bourgeoisie locales. Les nobles critiquent ses idées avancées et les bourgeois goûtent peu sa sollicitude à l’égard du peuple ; d’un peuple pauvre et ignorant dont Robespierre ne cesse de célébrer la vertu !

Diaboliser l’héritage révolutionnaire c’est limiter la volonté transformatrice au profit du même, c’est endiguer le risque de voir naître des imitateurs

Robespierre fait partie de ces plus de six cent députés du tiers-état élus et rassemblés à Paris en ce printemps 1789. Il fait entendre sa voix et ne laisse pas indifférent dans cette assemblée de bourgeois. Il est de tous les combats, qu’ils concernent le droit de chasse, le statut des curés ou encore l’esclavage. Il y gagne une réputation d’homme intransigeant voire « inconciliant », austère et orgueilleux : « Le peuple est si convaincu de la vertu de Robespierre », a écrit un de ses amis politiques, «[…] qu’il le verrait voler dans les poches du voisin sans y croire. » ; « il a tous les caractères, non pas d’un chef de religion, mais d’un chef de secte », écrit Condorcet. « Il se dit l’ami des pauvres et des faibles, il se fait suivre par des femmes et des faibles d’esprit. »

Tel est l’homme qui bientôt sera au premier rang, votant pour l’exécution de Louis XVI, appelant à « exterminer tous les rebelles de la Vendée », et cela au nom de la liberté, de l’égalité, de la défense des opprimés et d’une Révolution attaquée de toutes parts, y compris de l’intérieur ; combat qui fait de lui un homme « physiquement, émotionnellement et intellectuellement éreinté », nous dit Peter McPhee, en ces temps où l’on ne peut avoir confiance en personne. Il fut tout autant un acteur qu’une victime de la Terreur, quand en juillet 1794, il fut conduit à l’échafaud. La Terreur ne fut pas son œuvre, mais celle d’un pouvoir aux abois, et se débarrasser de lui fut une façon habile pour beaucoup de faire oublier leur implication dans son déploiement[20].

Sans verser dans les analyses psychologisantes, Peter McPhee nous livre le portrait d’un homme à la personnalité complexe, ni ange, ni démon, emporté par une Révolution qui se mourait elle-même.

Patsy

Ressources complémentaires :

Notes :

  • [1] Il s’agit du droit en tant qu’expression juridique du rapport marchand arrimé au mode de production capitaliste.
  • [2] Se référer au dossier Karl Marx Fut-il vraiment un opposant aux droits de l’homme ? 
  • [3] Moment qui va réellement ébranler le pouvoir des nobles, des bourgeois spéculateurs et des banquiers, par une série de mesures politiques et sociales menées par les plus révolutionnaires des Montagnards de la Convention, et les plus patriotes du pouvoir autonome des sans-culottes : blocage du prix du pain et des denrées alimentaires surveillé par une armée de sans-culottes dès juin, impôt progressif pour financer l’effort de guerre contre les monarchies, guillotine pour les conspirateurs aristocrates et les spéculateurs bourgeois, reconnaissance des assemblées de sans-culottes et proclamation du droit à l’insurrection, … Voir La terreur, première Révolution sociale ?
  • [4] Le petit peuple organisé et combattant pour une démocratie radicalement égalitaire, immédiate, sans compromis avec les forces sociales en présence et à travers les Assemblées populaires décisionnelles).
  • [5] Le 31 mai 1793 les sans-culottes démettent à l’Assemblée même des députés girondins accusés d’intelligence avec l’ennemi, ce qui permettra aux Montagnards de dominer la Convention.
  • [6] Pourtant, ceux-ci ne remettaient pas fondamentalement en cause l’inégale répartition des biens et de la propriété. D’une composition disparate (on y retrouvait des millionnaires et des affairistes comploteurs, aussi bien que des sans-culottes), ils s’attaquaient surtout à l’inflation et au pouvoir d’achat, là où les robespierristes voulaient instaurer une République sociale capable d’accomplir le devenir citoyen.
  • [7] Jacobin et Montagnard, il incarnait ce républicain radical, travaillant à l’événement d’un régime transparent, au-delà de l’opacité et de la corruption endémique de l’Ancien Régime. Sa fermeté dans la Terreur n’était pas une fin en soi mais le moyen de répondre à l’exigence de la réalisation des tâches politiques, dans la tourmente de la contre-révolution (intérieure et extérieure) et des aspirations sociales profondes du peuple menaçant d’emporter toute stabilité. Son objectif était de développer et de consolider l’idéal républicain contre des ennemis bien réels. L’historiographie est bien entendu divisée sur la question de l’ampleur de la répression et des responsabilités. Ce que l’on peut néanmoins affirmer c’est que la figure de Robespierre est aussi ambivalente et avant-gardiste que la période dans laquelle il évolua. Voir Robespierre et Danton : revisiter  le destin tragique des géants de la révolution.
  • [8] Aucune commission centrale d’application ne verra le jour du fait de la pression de négociants et de députés de la Convention.
  • [9] Tous les clubs radicaux sont touchés dès 1794 par ce retournement  soudain mais progressif : des plus véloces d’abord, avec les Enragés et les Exagérés guillotinés, jusqu’à la fermeture du club des Cordeliers, en passant par les Jacobins réprimés plus tardivement, lorsque la bourgeoisie girondine d’affaires prend le pouvoir au 9 Thermidor.
  • [10] Certains éléments de cette bourgeoise  s’étaient déjà illustrés en favorisant les financiers ou en empêchant l’application des lois sociales, comme celle de Saint-Just sur la confiscation des biens. « Que Lindet (négociant à la tête du Comité des Subsistances), Cambon (financier à la tête du Comité des Finances) et Barère figurent parmi les auteurs du coup d’État du 9 Thermidor indique que les motivations d’ordre socio-économiques n’y étaient pas étrangères », dans La Terreur, première Révolution sociale.
  • [11] C’est la séparation stricte du public (des élus modérés, le suffrage censitaire, …) et du privé (refuge émotionnel), de la raison et des passions, contre la conception totale des révolutionnaires s’inscrivant dans le sillage de la synthèse Praxis-Psyché opérée par Rousseau. Benjamin Constant écrira : « Nous ne pouvons plus jouir de la liberté des Anciens, qui se composait de la participation active et constante au pouvoir collectif. Notre liberté, à nous, doit se composer de la jouissance paisible de l’indépendance privée.». Une morale rigide s’impose et ouvre une ère de dépolitisation, de jouissances marchandisées, de fêtes collectives contrôlées et de vices privés. Mais c’est aussi une ère de respiration après le temps concentré de la Révolution et de ses lourdes exigences civiques.
  • [12] François Furet, Penser la révolution française, Paris, Gallimard, 1989.
  • [13] À l’aise avec la langue, beaucoup de députés ont la capacité de soulever les foules par leur art oratoire. Et pour cause, les avocats sont surreprésentés dans leurs rangs. « Il faut de l’exaltation pour fonder des républiques » dira Danton. Le mot populaire prend alors le sens d’être « aimé du peuple ». Voir Comment les émotions ont fait la Révolution (1789-1795).
  • [14] Loris Chavanette, Danton-Robespierre : le choc de la Révolution, Passés composés, p. 293, 2021.
  • [15] Tout comme il s’opposa à la violence des sans-culottes, Robespierre dut aussi calmer les ardeurs meurtrières des proconsuls les plus violents (Carrier et Fouché) envoyés à Nantes et  à Lyon afin de canaliser les insurrections en les rapatriant. On peut aussi rappeler qu’il empêcha les sans-culottes de sabrer des  députés girondins lors des journées révolutionnaires des 31 mai au 2 juin 1793. La paranoïa gagne les révolutionnaires car, en effet, la guerre s’annonce : la guerre de Vendée (1792-1795), l’invasion austro-prussienne d’août 1792 et le manifeste de Brunswick la précédant en juillet 1792 (menace de la Prusse à l’égard des révolutionnaires s’ils ne respectent pas les honneurs dus à la famille royale), matérialisent le danger bien réel de la contre-révolution. Et puisque la France n’est pas en paix, « le gouvernement (le Comité de Salut public) de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie » (Robespierre). Voir Marcel Gauchet, Robespierre : l’homme qui nous divise le plus, Paris, Gallimard, coll. « Ces hommes qui ont fait la France », 2018.
  • [16] Il faudrait d’ailleurs parler des terreurs, car le concept deTerreur a été forgé par le thermidorien Tallien (pourtant l’un des massacreurs de septembre 1792) pour délégitimer les robespierristes et justifier la mise en place d’un nouveau régime usant lui-même de la répression. La réalité est qu’à l’automne 1793 la Convention et le Comité de Salut public refusent de céder à la violence, constatant les abus notamment engendrés par le manque de structuration à l’échelle nationale. Voir Affronter la complexité politique de la terreur.
  • [17] Merleau-Ponty dira que « la terreur historique culmine dans la révolution et l’histoire est terreur parce qu’il y a une contingence ».
  • [18] Saint-Just, plus clair que Robespierre, condamnait la Terreur, lui préférant une « justice inflexible ». Pour lui, les partisans de l’indulgence et ceux de la Terreur représentaient les deux faces d’un même ennemi, d’un même danger. Dans son dernier discours, Robespierre dénonce toutefois ceux qui veulent appliquer un régime de terreur.
  • [19] Le froid et austère Robespierre, dit l’Incorruptible, contre le chaleureux pédagogue Danton, l’Indulgent. Malgré leurs profondes divergences philosophique et stratégique (dictée par leur analyse respective), ils menèrent ensemble, en bons jacobins, la lutte contre l’aristocratie : « si le couloir de la Révolution était trop étroit pour deux héros, ce n’est que lorsque la tête et le corps de celle-ci ont marché ensemble qu’ils ont balayé l’ancien monde. » Leur opposition à l’effort volontariste de déchristianisation des sans-culottes les rapproche encore à l’hiver 1793-1794, avant leur désunion sur cette même question. Mais c’est moins sur leur rapport à la violence que sur la question des fins politiques et sociales, ces dernières déterminant la première, qu’il faut comprendre leur éloignement définitif, jusqu’au jugement de Danton par le Comité de Salut public. Comme introduction, voir Robespierre et Danton : revisiter le destin tragique des géants de la Révolution.
  • [20] Jean-Clément Martin, Robespierre – La fabrication d’un monstre, Perrin, 2016 ; Les échos de la Terreur : Vérités d’un mensonge d’Etat 1794-2001, Belin, 2018.

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